Un si petit oiseau

Soumis par HashtagCeline le mer 09/01/2019 - 21:59
"Dieu est absent des champs de bataille", a écrit Blaise. Il est aussi absent des accidents de la route.
#MariePavlenko

 

Je suis ton soleil, le précédent roman de Marie Pavlenko avait été une révélation. J'attendais donc Un si petit oiseau avec une grande impatience.

Un très joli texte qui parle de la difficulté de se reconstruire après un drame. Un sujet délicat traité de façon intime et touchante.

 

#RésumonsUnPeu

 

Abi, 19 ans, a eu un accident de voiture avec sa mère. Un accident traumatisant. Un accident où elle a perdu une partie d'elle-même : son bras droit. A 19 ans, sa vie,  elle devra l'envisager autrement. Sauf qu'Abi n'envisage plus rien du tout. L'envie de rien. La rage. La peur. Son corps mutilé, ce bras absent, ce vide : Abi n'arrive pas à accepter. Et puis il y a les douleurs. Les médicaments la soulagent mais lui embrument les idées. 
Comment retrouver la force et l'envie de vivre ?

#OiseauRare

 

Un si petit oiseau est un très beau texte qui commence fort. La scène d'introduction qui décrit l'accident est très détaillée. La lire nous met mal à l'aise, nous choque car elle est très réaliste. Ensuite, la façon dont Marie Pavlenko décrit le quotidien de son héroïne l'est aussi. Elle nous montre parfaitement comment, dans des gestes simples de la vie, tout est devenu plus compliqué.
Il faut dire que Marie Pavlenko sait de quoi elle parle. Elle a connu un drame similaire qui lui a donné l'idée de ce roman. Elle nous l'explique avec pudeur et humour, une fois son histoire terminée.

Le roman s'ouvre donc sur un drame. Mais tout ne s'arrête pas là. Il y a ausi un après, tout aussi difficile. Abi doit continuer. Et reprendre le cours de sa vie est aussi une épreuve. Marie Pavlenko nous met vraiment au coeur du quotidien d'Abi.
La jeune femme est bien soutenue par sa famille. Ses parents, sa soeur et sa tante essaient de faire bonne figure. Mais au fil du récit, on comprend que tous ont souffert de cet accident et de ses conséquences. Plus rien n'est pareil.

La détresse d'Abi est grande et elle s'est coupée du monde. Elle ne voit plus ses anciens amis. Elle a fait le vide. Elle n'arrivait pas à assumer que ceux qui l'avaient connu avant la voient telle qu'elle se sent aujourd'hui: plus vraiment "entière". Et puis, il y a Thomas, son ancien copain. Il l'avait quittée quelques temps avant le drame. Malgré tout ce qui s'est passé, Abi n'a pas vraiment tourné la page.

Abi semble dans une impasse. Et le lecteur avec. On attend avec fébrilité ce moment où une étincelle fera renaître l'envie de vivre d'Abi.
Sans vouloir trop en dévoiler, un livre envoyé par un expéditeur inconnu va bousculer Abi. Volontairement, je ne parle pas plus de ce personnage essentiel du roman. Je préfère garder un peu de mystère. Mais cela m'oblige aussi à laisser de côté un pan très important de l'histoire. Tant pis. 

Abi va faire une belle découverte, celle d'un auteur : Blaise Cendrars qui lui aussi a perdu une main. J'ai suivi avec intérêt, comme Abi, le parcours de cet écrivain que je connais mal. Cela m'a donné envie de le lire. J'ai beaucoup aimé la façon dont Abi s'identifie à lui et y puise une force nouvelle, trouvant un écho à son propre sort.

Grâce à ces livres et surtout grâce à celui qui les envoie, Abi va réapprendre à rire et aussi se découvrir une passion : observer les oiseaux. 
Elle s'apaise.
Comme je le disais, Marie Pavlenlo, par sa narration, nous place dans une grande proximité avec son héroïne. On y découvre son passé par bribes, des souvenirs de sa vie d'avant avec sa bande, son copain : les jours heureux. Cela crée une forte opposition avec son présent qui devient encore plus pesant. Il y a l'avant lumineux, plein de projets et d'espoir et puis l'après, sombre, fermé et triste.
Des extraits du journal intime d'Abi nous sont livrés. Ils nous permettent d'entendre sa voix. Abi, on la devine aussi dans le regard de ses proches : profondément malheureux et un peu coupable de sa mère, désemparée de son père, un peu jaloux de sa soeur mais aussi celui  bienveillant et encourageant de son expéditeur secret.

Abi, si elle ne se sent plus comme une personne à part entière, occupe pourtant pleinement ce roman.

Et il est difficile de ne pas être touché par son histoire et celle de son entourage malheureux et bien souvent impuissant face à son mal-être.
Marie Pavlenko propose une galerie de personnages drôles, attendrissants et pour certains eux aussi abîmés par la vie, d'une autre manière. Car chacun porte en soi une ou des blessures, cachées ou non. Abi va petit à petit en prendre en conscience et comprendre qu'il important de s'en rappeler pour ne pas rester centré sur sa propre personne, quoi qu'il nous arrive. 

Malgré tout ça, l'humour est là, par petites touches, grâce à certains personnages. Et au milieu de toute cette tristesse, il y a quand même des rires. Moins que dans Je suis ton soleil... Mais avec ce sujet, c'était plus difficile. L'état d'esprit de l'héroïne rend le ton plus lourd, plus pesant. C'est elle qui est touchée directement.

L'autrice nous fait passer par toute une palette de sentiments qui finissent par se mélanger. 

Et puis, il y a tous ces jolis moments où on s'envole avec plaisir en compagnie des oiseaux. Les observer, en compagnie d'Abi, nous ressource nous aussi.

Si je devais faire un seul petit reproche, c'est peut-être que j'y ai, malgré tout, trouvé quelques longueurs. Rien de bien méchant je vous l'assure. Car je ne suis pas passée loin du coup de coeur avec ce nouveau roman de Marie Pavlenko.

#PourQui?

Pour ceux et celles qui aiment les histoires émouvantes.

Pour ceux et celles qui aiment la vie envers et contre tout.

Pour ceux et celles qui aiment les oiseaux et la nature.

Pour tous et toutes à partir de 14-15 ans.

#Extraits

 

"Abi ne bouge pas. Son grand-père lui caresse les cheveux.

- Mon beignet...

Abi pleure un peu aussi.

- La vie est une salope, mon beignet.

Elle est obligée d'admettre qu'il a raison." p.67

 

"-Je ne te presse pas, pruneau, il n'y a pas d'urgence. C'est juste que...

- C'est juste que quoi? Qu'est-ce que tu ne saisis pas ? Je n'arrive pas à me projeter, je n'y arrive pas, c'est français, non?!

La bête a faim, elle se dresse, se hérisse.

- Me lever, manger, m'habiller, m'habituer. C'est le cauchemar, tu comprends? Le cauchemar !" p.92

Public
Date de sortie
Nombre de pages
400
Prix
17.50 €
Langue
Français

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