"Tous les enfants ont peur du noir.
Le noir, c'est une pièce sans porte ni fenêtres, avec des monstres qui t'attrapent et te mangent en silence.
Moi, je n'ai peur que de mon noir à moi, celui que j'ai dans les yeux."
Paola Peretti signe un très joli roman pour les plus jeunes sur un thème difficile et émouvant qu'elle connaît bien : la perte progressive de la vue. C'est sans doute parce qu'elle s'est inspirée de sa propre histoire que celle de Mafalda est aussi touchante. C'est beau, c'est drôle mais surtout très poignant sans être larmoyant.
Les illustrations de couverture (elle est splendide !) signée Caterina Baldi et les dessins intérieurs réalisés par Carolina Rabei apportent également une touche supplémentaire de douceur à ce texte magnifique.
Mafalda aime jouer au foot, s'occuper de son chat, lire et regarder les étoiles. C'est une petite fille de neuf ans comme les autres, enfin presque... sa vue se dégrade rapidement et d'ici quelques semaines elle sera dans le noir. Pour apprivoiser cette obscurité elle doit affronter ses peurs, établir de nouveaux repères, et surtout, surtout, ne jamais baisser les bras. Mais pour cela, il faut apprendre à faire confiance aux autres... et à soi-même.
Il va vraiment falloir que je me penche sur le texte d'Italo Calvino : Le baron perché. C'est le deuxième roman que je lis où le personnage principal fait largement référence à l'histoire du héros de ce roman (cf. Ma fugue dans les arbres d'Alexandre Chardin chez Magnard Jeunesse). Ma curiosité est largement piquée.
Un autre roman est aussi évoqué dans ce livre : Le Petit Prince. Mais celui-ci m'est plus familier.
Bref, deux grands classiques ont nourri l'histoire de ce roman. Sous la plume délicate de l'autrice, ces sources d'inspiration mêlées à l'intrigue imaginée font de ce livre un petit bijou.
C'est une très jolie aventure qui nous émeut mais qui ne nous accable pas. Mafalda, la jeune héroïne, a beaucoup de courage et de la ressource. Avec elle et comme elle, on accepte peu à peu l'idée que tout va continuer, malgré tout, malgré le noir. Et que si cela lui changera profondément la vie, cela ne l'empêchera pas d'aimer, d'être aimée, de vivre de belles choses et d'être heureuse, tout simplement.
Mafalda est une petite fille très attachante, bien au-delà de son problème de santé. Elle est à un âge où l'insouciance prime. Sauf que pour elle, difficile d'être aussi désinvolte que les autres enfants. Le brouillard qui gagne du terrain dans ses yeux l'empêche de voir la vie en rose. Mais elle garde tout de même un regard innocent sur ce qui l'entoure, une certaine fraîcheur et une grande spontanéité qui nous désarment.
Autour d'elle gravitent de nombreux personnages formidables qui vont l'aider à supporter cette douloureuse épreuve que lui impose déjà la vie.
Il y a Etrella, la dame de ménage de l'école un peu bourrue avec qui elle s'est liée d'amitié. Il y a aussi Filippo, un jeune garçon qui sous des airs de gros durs, cache une grande sensiblité, et qui va faire naître chez Mafalda des sentiments forts et nouveaux.
Il ne faut pas oublier non plus Ottimo Turcaret, le chat de Mafalda (dont le nom est aussi inspiré du texte d'Italo Calvino qui est aussi le livre préféré de son papa) tout comme Cosimo, le héros de ce fameux roman ou encore l'esprit de sa grand-mère. Grâce à eux, Mafalda continue d'avancer, même si c'est de plus en plus dans l'obscurité.
Avec elle, on peut imaginer (un tout petit peu) ce que cela fait de perdre progressivement la vue. Elle nous l'explique avec ses mots, simples, ceux d'une enfant. Elle nous fait comprendre qu'avec sa cécité annoncée, elle va devoir apprendre à appréhender le monde d'une autre façon.
Au fil du roman, on décompte les pas qui la rapprochent du noir total mais on ne pleure pas pour autant. Malfalda perd la vue mais gagne en maturité et aussi en autonomie,autrement.
C'est vraiment un très joli roman, très positif et très lumineux malgré tout le noir et le brouillard qui couvrent le regard de Mafalda.
A lire sans plus attendre !
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