Des sauvages et des hommes

Soumis par HashtagCeline le sam 26/03/2022 - 12:15

"Edou avait passé plusieurs nuits à ne pas dormir, essayant de discipliner ses pensées. Dans le monde que cette pancarte et ce programme venaient de créer, tout semblait s'être écroulé pour être rebâti d'une autre façon. Mais finalement, est-ce qu'on ne le savait pas depuis le début, tout en refusant de le voir, parce qu'on avait déjà accepté, parce qu'on était déjà arrivés, parce qu'on ne pouvait plus faire machine arrière ?"

#AnneliseHeurtier

Bon, je ne sais pas combien de fois j’ai utilisé ce hashtag. De nombreuses fois. Et je ne m’en lasse pas ! Tout comme les romans de cette autrice que je suis depuis un bon nombre d’années maintenant. Au risque de me répéter (et pour ceux et celles qui ne seraient jamais venu.es par ici), c’est en 2011, avec Le carnet rouge, son roman sur le Népal et les Kumaris que j’ai découvert Annelise Heurtier. Cela avait été une révélation. Ce texte !
Et puis il y en a eu tant d’autres depuis… Refuges, Chère Fubuki Katana, Sweet sixteen, Envole-moi, Là où naissent les nuages, Le complexe du papillonLa fille d’avril, Push… Elle a toujours su m’interpeller, me toucher, me surprendre et me faire voyager, dans le temps mais aussi l’espace.
Bref.
Annelise Heurtier fait partie de ces auteurs et autrices dont j’attends chaque nouveau roman avec impatience. Ça aussi, je l’ai déjà dit. 
Des sauvages et des hommes, je l’ai lu trois fois. Là, vous vous dites que j’ai un vrai problème…Mais mais mais, il y une explication (j'ai eu la chance de le lire en amont, je l'ai relu deux fois pour écrire des articles #jemesuisfaitplaisir). Et s’il fallait que je m'y remette une quatrième fois, ça ne me ferait pas peur.


Résumé et explications du pourquoi j’ai tant aimé ce livre.
 

#QuatrièmeDeCouv'

"1931.

Edou est un jeune Kanak qui n'a jamais quitté son île, la Nouvelle-Calédonie. Alors, le jour où des membres de sa tribu sont choisis pour une mission spéciale à Paris, il s'introduit dans le groupe sans réfléchir. Le but de ce voyage sera de présenter leur culture à la prestigieuse Exposition coloniale. Du moins, c'est ce qui leur a été dit.
L'illusion est de courte durée: à peine arrivés, le jeune homme et les siens sont installés dans un enclos du Jardin d'Acclimatation. Une pancarte les présente ainsi : "Cannibales" .

Une histoire inspirée de faits réels au temps des colonies et des "zoos humains".

Postface de Pascal Blanchard, historien, chercheur-associé au CRIHM/UNIL, spécialiste de la question coloniale."

#EnfermésDehors

Annelise Heurtier a ce truc. Celui qui fait que lorsqu’elle s’empare d’un sujet, elle le porte haut et fort. Elle sait nous transporter et nous ouvrir les yeux avec les héros/héroïnes qu'elle met en scène.

Le sujet de son dernier roman, sans l’avoir lu, m’avait donné envie. J’avais (trop vaguement) entendu parler de ce fait réel sordide à Paris mais plus largement des zoos humains. J’avais aussi connaissance du court texte de Didier Daeninckx (Cannibale, Folio Gallimard) qui aborde le thème *.

Comme dans Sweet sixteen, Annelise Heurtier nous invite à nous mettre à la place de deux personnages : Edou, le kanak, dans un premier temps, puis Victor Noblecourt, jeune homme de bonne famille promis à un bel avenir, dans un second temps. Bien évidemment, ils appartiennent à deux mondes diamétralement opposés. Grâce à eux, on se place des deux côtés de l’enclos. Le va-et-vient des points de vue est enrichissant et permet de comprendre les enjeux et les mentalités de l’époque notamment concernant les populations issues des colonies pour lesquelles le racisme est poussé à l'extrême.
Avec Edou, on replonge au coeur de la période colonialiste française. On découvre, à travers l’aberrante pantomime qu’on demande de jouer à Edou et aux siens, la culture kanak et combien elle est éloignée de ce que l’on veut bien montrer. On entrevoit la Nouvelle-Calédonie, pays où la vie semble bien douce à Edou, enfermé comme un animal. Edou pensait vivre une grande aventure, découvrir Paris... 
Avec Victor, on découvre le quotidien d’une famille aisée et “respectable” où chacun tient aussi le rôle qui lui est attribué. On doit faire bonne figure, suivre les règles imposées. Grâce à lui, on y découvre aussi le Paris de l’époque avec un focus sur cette fameuse exposition coloniale, événement de grande ampleur qui attire l’attention de tous et toutes. Victor va aussi ouvrir les yeux. 
L’un et l’autre, à leur façon, ne sont pas heureux. Edou, cela se comprend vu l’horreur de sa situation, Victor, lui, ne se sent à sa place nulle part. La vie, malgré l'absurdité de la situation, va leur donner l’occasion de s’aider mutuellement. Et tous deux apprendront l'un de l'autre. 

Entre leurs deux voix, on entend les échanges des personnages qui ont mis en place ce projet inhumain. Leurs discours sont assez édifiants et montrent l’absence de considération pour ceux et celles qui sont vraiment à leurs yeux des sauvages, des bêtes de foire. Pour rendre cela encore plus parlant, Annelise Heurtier a inséré des documents réels (articles de journaux, courriers officiels,...) au fil du récit. Si elle a imaginé Edou et Victor, certains aspects, les pires, sont bien vrais. La postface de Pascal Blanchard, historien et spécialiste de la question coloniale, nous éclaire sur le phénomène des zoos humains qui ont exhibé des hommes et des femmes des colonies de 1810 à 1940 attirant plus d'un milliard et demi de visiteurs.

Encore une fois, j'ai passé un (enfin 3 pour être juste) excellent moment avec ce nouveau récit de l'autrice dont je suis sortie chamboulée. C’est une histoire terrible. Mais c’est aussi une belle histoire d'amitié qui, derrière le pire, met en avant le courage et la bienveillance de certains contre tous les autres. Et il suffit parfois d'un rien, d'un seul homme pour faire changer les choses.

Un très beau roman que je vous invite à lire.

 

* (D’ailleurs, pour faire bref, suite à des échanges avec l’autrice (je suis chanceuse…), je me suis dit qu’il serait intéressant de lire le texte de Daeninckx. Le traitement n’est pas le même. Le point de vue adopté par Annelise Heurtier est différent et l’intrigue, même si elle porte sur le même événement, est toute autre. Donc, pour ceux et celles qui s'interrogent, les deux textes se répondent mais sont vraiment distincts.) 

#PourQui?

Pour ceux et celles qui aiment les récits inspirés de faits réels.
Pour ceux et celles qui aiment l’histoire même la plus sombre.
Pour ceux et celles qui aiment les histoires d’amitié improbables.
Pour tous et toutes à partir de 13-14 ans.

Merci Annelise Heurtier
Coup de cœur !
Editeur
Public
Date de sortie
Nombre de pages
288
Prix
14.90 €
Langue
Français

#VosCommentaires

#OnContinue ?

La nuit tombe maman rêve La nuit tombe, maman rêve

“A peine sortie, elle se fait belle, avec du rouge sur les lèvres, dans les cheveux, et des paillettes un peu partout.
De toute façon, Maman a un soleil dans le coeur, elle resplendit, même…
#lanuittombemamanreve, #ceciledumoutier, #lunagranada, #evegentilhomme, #lateteailleurs

Les derniers des branleurs Les derniers des branleurs

“Il est quelle heure? C’est quoi la date? Il fait nuit ou jour? Tout ça n’a plus de sens. N’en a jamais eu, n’en aura jamais. Les mêmes choses en boucle.”


#lesderniersdesbranleurs, #vincentmondiot, #lddb, #actessudjunior
Sweet sixteen Sweet sixteen

Un incontournable de l'autrice !


#sweetsixteen, #anneliseheurtier, #casterman
Alice à votre service ! Complot contre la Duchesse Alice à votre service ! Complot contre la Duchesse

"AVERTISSEMENT

Je dois vous déconseiller la lecture de ce genre de livres qui, non seulement, vous feraient perdre un temps précieux, mais risqueraient aussi d’…
#complotcontreladuchesse, #aliceavotreservice, #laurapowell

#Bleue
Dans le monde d’Astrid et Silas, tout doit être sous contrôle. Il n’est pas permis de manifester le moindre signe de douleur ou de tristesse qui trahirait une faiblesse intolérable aux yeux de la…
#amour, #courage, #manipulation, #réseauxsociaux, #sentiments
L'invention du dimanche L'invention du dimanche

“Polly a le cafard. C’est normal, c’est dimanche après-midi.”


#linventiondudimanche, #colinepierre, #estellebillonspagnol, #minipoulpe, #poulpefictions
Mon papa et moi Mon papa et moi

"Je déteste quand elle vient. Papa n'est plus pareil. Il veut me faire manger des concombres. Il veut que je me lave. Il veut que je me couche de bonne heure. On dirait que tout ce qui compte, c'…
#monpapaetmoi, #heloise, #stephaniemarchal, #ginko, #voceverso

Broken things Broken things

“- Je croyais qu’on ne jouait plus à ça, me suis-je étonnée.

Elle a levé vers moi ses grands yeux bleus, des yeux dans lesquels se noyer.…
#brokenthings, #laurenoliver, #albinmichel

Le plongeon Le plongeon

"J'ai horreur de ce genre de couvre-lit. Tissu rêche, couleur moche, poussière, cendre. Couleur mort, on dirait qu'ils le font exprès.

Je déteste ce papier peint, cette peinture écaillée,…
#leplongeon, #severinevidal, #victorlpinel, #grandangle, #babelio

Oscar Goupil : A London mystery Oscar Goupil : A London mystery

"- Attendez ! Vous vous voulez dire que les autres tableaux...parlent aussi ?

Je me sentis défaillir (...)...je n'y comprenais rien.

- Cher ami, je vais finir par croire que vous…
#oscargoupil, #alondonmystery, #camilleguénot, #edlromans, #lecoledesloisirs